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Sénégal : L’espoir d’un changement authentique menacé par les dérives partisanes.

L’élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal a marqué un tournant historique pour une nation profondément éprouvée par douze années de gouvernance controversée sous Macky Sall. Son régime, souvent qualifié de répressif et autoritaire, a laissé derrière lui un climat de méfiance, de division sociale et une économie en difficulté.

Sous l’impulsion du leader charismatique Ousmane Sonko, la coalition de PASTEF a cristallisé les espoirs de millions de Sénégalais. Pour la majorité silencieuse, souvent non affiliée à aucun parti politique, le vote en faveur de Diomaye Faye était avant tout un acte de foi en des valeurs : justice, transparence, mérite, et renouveau. Ce fut un vote patriotique, un cri du cœur contre un système étouffant.

Cependant, quelques mois seulement après cette alternance tant attendue, des comportements préoccupants émergent, principalement de la part de certains militants de PASTEF. Une frange d’entre eux semble croire que l’accession au pouvoir de leur parti leur donne le droit de s’approprier la République. Leur présence excessive sur les plateaux de télévision, leur activité agressive sur les réseaux sociaux, et leurs revendications bruyantes donnent l’impression que l’État est devenu une récompense à partager entre militants méritants.

Cette attitude est non seulement inadmissible, mais elle trahit l’essence même du projet porté par Ousmane Sonko : la patrie avant le parti. Il est important de rappeler que si aujourd’hui PASTEF gouverne, c’est parce que des citoyens ordinaires, parfois dans l’anonymat le plus total, ont décidé de tourner le dos aux pratiques politiques anciennes. Ce sont ces Sénégalais qui ont porté le changement, pas une poignée de porte-voix partisans.

Pire encore, une dynamique inquiétante se développe : insultes, attaques ciblées, dénigrement d’opinions divergentes, intimidations… Certains jeunes militants utilisent les réseaux sociaux et certaines chaînes YouTube comme des plateformes de propagande et de règlement de comptes. Ce comportement rappelle tristement les travers des régimes précédents, où le culte de la personnalité et la chasse aux sorcières avaient pris le pas sur le débat démocratique.

Les pratiques que les Sénégalais ont combattu hier ne doivent pas être reproduites aujourd’hui. Le favoritisme dans les nominations, les récompenses partisanes, les clientélismes, les nominations de personnes non qualifiées à des postes diplomatiques simplement pour leur proximité avec le parti, sont des dérives qui suscitent incompréhension, frustration et désillusion. Ce n’est pas cela que le peuple a choisi.

Ousmane Sonko et les responsables de PASTEF doivent entendre ce cri d’alarme. Ils doivent se souvenir que leur légitimité vient du peuple, non de la base militante seule. Ils doivent rester fidèles à l’éthique, à l’exigence de compétence, et à l’idéal républicain qu’ils ont eux-mêmes brandi comme étendard.

Le Sénégal mérite mieux. Le changement réel ne se mesure pas seulement par le départ d’un régime, mais par l’installation durable d’une nouvelle façon de faire la politique : inclusive, juste, responsable. Le peuple sénégalais reste en alerte, car il n’a pas voté pour un parti, mais pour un projet de société. Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir pour soi, mais de le mettre au service de tous.

TASS XIBAAR

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