Tribunal de Dakar : Le couple qui vendait des “pilules d’hymen artificiel” condamné à des peines avec sursis et amende
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu ce matin son verdict dans une affaire pour le moins singulière et inquiétante. Un couple, Pape Abdou Ndiaye et son épouse Oumou Khairy Dièye, comparaissait pour une série d’infractions graves, notamment l’exercice illégal de la pharmacie, l’importation de médicaments sans autorisation, la détention et la vente de produits de santé non homologués, ainsi que la mise en danger de la vie d’autrui.
Après délibération, le tribunal a relaxé les prévenus du chef de provocation d’un délit, mais les a reconnus coupables des autres infractions. Oumou Khairy Dièye a écopé d’une peine de six mois avec sursis, tandis que son mari a été condamné à six mois, dont deux mois ferme. Tous deux devront s’acquitter d’une amende de 50 000 F CFA chacun.
Une activité illégale et dangereuse
Les époux commercialisaient, via le compte TikTok “Secret femme”, des produits prétendument médicaux, notamment des “pilules d’hymen artificiel”, censées simuler la perte de virginité. Ces pilules, vendues sans autorisation, sont suspectées de contenir des substances nocives pour la santé. En plus de ce produit, leur compte promouvait également des injections destinées à provoquer des avortements prétendument “sécurisés”, jusqu’à huit mois de grossesse, pour un coût de 140 000 F CFA, sans aucune garantie ni encadrement médical. Ces publications, assorties de visuels montrant un supposé “Docteur Aliou Diang” en blouse blanche, ont alerté l’unité de cyberpatrouille de la Division spéciale de cybersécurité (DSC), qui a immédiatement ouvert une enquête.
Une enquête minutieuse
Les investigations ont permis de localiser les auteurs grâce aux publications TikTok. Une mission conjointe entre le Groupe de recherches et d’interpellation (GRI) et la DSC a permis d’identifier le couple, domicilié à Guédiawaye. Une souricière a été mise en place, impliquant également un livreur, Modou Bèye, chargé de livrer le produit incriminé. Le couple, interpellé à Dakar, a reconnu les faits devant les enquêteurs. Ils ont admis importer ces produits de Chine et les revendre principalement à de jeunes femmes. Le livreur, quant à lui, a affirmé ignorer la nature exacte des produits qu’il livrait.
Un message d’alerte
Ce procès met en lumière la prolifération de pratiques médicales clandestines sur les réseaux sociaux, notamment celles qui exploitent la vulnérabilité des femmes. Il rappelle également la nécessité pour les autorités de renforcer la surveillance du cyberespace et de sensibiliser les populations aux risques liés à l’achat de médicaments non homologués.