Kolda – Mort suspecte de l’imam Oumar Diao : la toilette mortuaire interrompue par la gendarmerie
Dans le quartier Médina Chérif Perlèle, à Kolda, le choc est profond. Samedi à l’aube, le corps ensanglanté d’Oumar Diao, imam respecté et père de famille, a été retrouvé gisant devant une boutique du voisinage. Depuis, la stupeur s’est muée en incompréhension, puis en colère sourde, après que les rites funéraires ont été brutalement interrompus par les forces de l’ordre. Tout avait commencé dans le calme funèbre habituel des deuils. Le lendemain du drame, dans la cour de la maison familiale, les proches s’étaient rassemblés. Des hommes en gandoura blanche et des femmes voilées, accablés de tristesse, préparaient la toilette mortuaire, un moment sacré dans la tradition musulmane. Bassines d’eau tiède, parfums, feuilles de jujubier, encens. Tout était prêt pour laver le corps du défunt selon les règles rituelles, dans le respect et la dignité. Des anciens du quartier s’apprêtaient à s’enfermer avec la dépouille dans une pièce à part. Les paroles sacrées du Coran, récitées à voix basse, flottaient dans l’air chargé d’encens. On allait laver Oumar Diao une dernière fois, lui passer des bandelettes blanches, et prier pour le repos de son âme. Mais alors que les premiers gestes rituels commençaient, un véhicule de la gendarmerie entre précipitamment dans la concession. Les agents demandent l’arrêt immédiat de la toilette mortuaire. Une blessure suspecte au bas-ventre, relevée par les premiers intervenants, attire désormais l’attention des autorités judiciaire. L’Observateur qui donne l’information, rapporte qu’un couteau ensanglanté et des traces de sang ont également été retrouvés sous des anacardiers à quelques centaines de mètres de là. Ces éléments alimentent la thèse d’un acte criminel. Les gendarmes, manifestement en possession de premiers indices troublants, exigent que le corps soit immédiatement transporté à l’hôpital régional de Kolda pour autopsie. Le lavage, moment de pureté, d’adieu et de réconciliation avec le défunt, est stoppé net. Les larmes redoublent. Certains proches protestent doucement, d’autres se recroquevillent en silence, impuissants. Le corps de l’imam est emporté, cette fois entre les mains d’agents en tenue, dans une voiture administrative. Le mystère, lui, reste entier.Des interpellations ont depuis été opérées, mais aucune information officielle ne filtre sur les suspects. En attendant les résultats de l’autopsie, le quartier est suspendu à une seule question : qui a tué Oumar Diao – et pourquoi ?