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Dossier Farba Ngom: l’ordonnance qui ravive le brasier judiciaire

Le dossier de Mouhamadou Ngom, alias Farba Ngom, député-maire des Agnam, hospitalisé au Pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec, connaît un nouveau tournant. La Chambre d’accusation financière a ordonné, hier mercredi, son transfert vers une structure médicale plus adaptée à son état de santé. Cette décision s’appuie sur des rapports médicaux alarmants faisant état d’une dégradation continue de son état. Mais au lieu d’apaiser les tensions, l’ordonnance a rallumé la mèche d’un affrontement judiciaire que l’on croyait sur le point de s’éteindre. Selon les informations de L’Observateur, le Parquet général, estimant cette décision contestable, envisage d’interjeter appel. En face, la défense de Farba Ngom fulmine. Ses avocats, s’appuyant sur l’article 140 du Code pénal, rappellent que ce texte permet une mise en liberté provisoire pour raisons médicales. Ils annoncent un nouveau recours, affirmant ne pas réclamer de faveur, mais simplement l’application stricte de la loi.« Nous ne partageons pas cette décision », a déclaré Me Baboucar Cissé, l’un de ses conseils. « Nous la contestons fermement, car nous estimons que la Chambre d’accusation a violé la loi. Autant le juge d’instruction a manqué à son devoir, autant la Chambre a, elle aussi, franchi la ligne rouge. »L’avocat souligne que l’article 140 est sans ambiguïté : « Dès lors que l’état de santé du détenu est médicalement constaté comme incompatible avec la vie en milieu carcéral, le mandat de dépôt doit être immédiatement levé. »

Interrogé par L’Observateur, Me Baboucar Cissé, avocat de l’élu, n’a pas caché son désaccord et annonce la poursuite du combat judiciaire.
Selon lui, « la Chambre d’accusation financière a déclaré recevables les recours que nous avions introduits contre deux ordonnances distinctes rendues le 12 septembre dernier par le juge d’instruction du premier cabinet. Ces ordonnances rejetaient la demande de mise en liberté provisoire de M. Ngom et ordonnaient son transfèrement au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec ».

Après examen, précise l’avocat, la Chambre a entendu les conseils de Farba Ngom, l’Agent judiciaire de l’État et l’Avocat général, avant de statuer. « Elle a confirmé la décision du juge d’instruction sur le refus de mise en liberté, mais a réformé la partie relative au transfèrement. Elle a ainsi décidé que M. Ngom soit désormais admis dans un centre hospitalier disposant d’un plateau médical plus adapté à son état », explique Me Cissé.

Mais pour l’avocat, la Chambre aurait dû aller plus loin :

« Nous allons saisir la Cour suprême, car nous estimons que la Chambre d’accusation devait simplement ordonner la levée du mandat de dépôt. Elle avait elle-même annoncé la couleur. Dans deux arrêts, numéros 55 et 56 du 1er août 2025, dans la même affaire, la Chambre avait indiqué que, puisqu’une contre-expertise médicale était en cours, la libération de M. Farba Ngom serait prématurée et qu’il fallait attendre ses résultats. Or, cette contre-expertise a désormais été réalisée par les médecins désignés, lesquels ont conclu, tout comme le précédent expert, à l’incompatibilité de l’état de santé de Farba Ngom avec la détention. La conséquence logique que devait en tirer la Chambre, c’était donc d’ordonner la levée du mandat de dépôt. »

L’avocat ne mâche pas ses mots :

« Nous considérons que Farba est aujourd’hui séquestré. C’est un malade qu’on maintient dans un mouroir. Le pavillon spécial n’est pas un lieu de soins digne de ce nom. Il n’y a qu’une simple infirmerie sans médecin permanent. Hier encore, Farba Ngom a dû être transféré à l’hôpital Principal pour consulter le professeur Abdoul Aziz Diop, neurologue, après un malaise. Cela prouve que le pavillon spécial ne dispose d’aucune infrastructure adaptée à son état. »

Interrogé sur la suite de la procédure, Me Cissé précise que son équipe compte exercer un recours immédiat :

« Nous allons faire un recours devant la Cour suprême. Cette décision n’est pas définitive et, à nos yeux, elle viole clairement l’article 140 du Code de procédure pénale. Cet article dispose que lorsque l’état de santé d’une personne détenue est médicalement constaté comme incompatible avec la détention, le mandat de dépôt doit être immédiatement levé. Or, cette disposition n’a pas été respectée. »

Sur la question du transfèrement, l’avocat soulève une zone d’ombre :

« La Chambre d’accusation parle d’un centre hospitalier, sans préciser lequel. C’est une imprécision majeure. On ignore s’il s’agit d’un établissement public, privé ou d’une clinique. Cela laisse place à plusieurs interprétations, alors même que la santé de M. Ngom requiert un suivi spécialisé. »

Enfin, Me Cissé rappelle que, même en cas de recours, l’administration pénitentiaire reste libre d’exécuter la décision : « En principe, l’appel est suspensif. Mais en vertu du décret de 2001, l’administration pénitentiaire a le pouvoir d’exécuter les décisions rendues par la Chambre d’accusation ou le juge d’instruction, même en présence de voies de recours. Cela veut dire qu’elle peut transférer Farba Ngom dans un hôpital, en attendant l’issue du pourvoi. »

Pour la défense, l’objectif demeure clair : obtenir la libération du député, au besoin sous contrôle judiciaire, afin qu’il puisse bénéficier de soins appropriés. « Farba Ngom n’a pas sa place dans une cellule médicalisée. Il doit être libre, au moins pour être soigné dignement », conclut Me Baboucar Cissé.

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