Disparition inquiétante de Seydina Ababacar Ndiaye: les sapeurs-pompiers donnent leur version de leur intervention à Yoff
Près de deux semaines après les faits, la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers a finalement publié un communiqué sur l’intervention du 27 mai dernier, impliquant l’architecte Seydina Ababacar Ndiaye, un ancien brillant étudiant porté disparu, retrouvé en état de détresse mentale sur la plage de Yoff Tonghor.
Ce silence prolongé soulève des interrogations, d’autant plus que l’intervention a tourné à l’incident.
Le mardi 27 mai, à 21h45, les secours sont appelés pour un homme couché au sol, blessé, à proximité du quai de pêche. L’ambulance du Centre secondaire des Parcelles Assainies est dépêchée sur place. À leur arrivée, les secouristes découvrent un homme mutique, souffrant d’un coup de froid, conscient mais visiblement désorienté. Il s’agit de Seydina, selon l’identification établie grâce à une réquisition de la Gendarmerie.Selon les témoignages recueillis sur place, il aurait erré dans la zone pendant deux jours, sans assistance, probablement en proie à une crise aiguë liée à des troubles psychiques. Diplômé en architecture, Seydina Ababacar Ndiaye jouissait pourtant d’une réputation d’excellence dans les milieux académiques. Son éloignement progressif de la scène professionnelle avait récemment inquiété ses proches. «Alors qu’il est pris en charge, ses constantes vitales sont jugées normales et il est embarqué pour être transféré vers une structure hospitalière. Mais au cours du trajet, son agitation monte d’un cran, jusqu’à devenir incontrôlable. Une série de réquisitions est rapidement établie pour permettre son admission d’urgence dans différents hôpitaux de Dakar, dont Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye et Principal.C’est à hauteur des cimetières de Yoff que la situation dégénère : la victime tente de s’extraire de force de l’ambulance, mettant en danger l’équipage. À l’ouverture de la porte arrière, Seydina prend la fuite et échappe définitivement à la surveillance des secours», relate le communiqué officiel des Sapeurs-pompiers, diffusé le 10 juin, soit 14 jours après les faits, et ne précisant ni les circonstances exactes de la disparition après l’évasion, ni les suites données aux recherches. La note se limite à un rappel des procédures suivies et à une expression de compassion envers la famille.
Ce retard de communication, dans un contexte où la famille et les proches du jeune architecte alertaient déjà sur sa disparition, laisse un goût amer. Beaucoup s’interrogent : pourquoi avoir attendu deux semaines pour informer le public ? Quelles recherches ont été menées après la fuite ? La situation d’une personne manifestement vulnérable, identifiée et localisée, n’aurait-elle pas mérité une prise en charge plus rapide et coordonnée avec les structures psychiatriques d’urgence ?
L’affaire Seydina Ababacar Ndiaye, au-delà du drame humain, révèle aussi les limites criantes de notre dispositif d’intervention en santé mentale, surtout lorsqu’elle touche des figures autrefois brillantes, désormais tombées dans l’oubli et l’errance.