Les hommes sénégalais, les oubliés des politiques de financement public.

Dans le paysage socio-économique sénégalais, une tendance persistante se dessine : la focalisation quasi-exclusive des programmes de financement public sur la gent féminine. Si cette approche, initiée sous le régime de Macky Sall et apparemment maintenue sous l’ère PASTEF, s’inscrit dans une logique de discrimination positive visant à réduire la pauvreté féminine, elle soulève néanmoins des questions cruciales sur l’équité et l’efficacité des politiques publiques.
Au cœur du débat se trouve le paradoxe suivant : alors que la société sénégalaise maintient traditionnellement l’homme comme principal pourvoyeur des besoins familiaux, les politiques de financement semblent l’ignorer systématiquement. L’homme sénégalais, pilier économique de la cellule familiale, se retrouve ainsi dans une position délicate, devant assumer les charges quotidiennes sans bénéficier des leviers financiers publics.
La Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide (DER), programme phare en la matière, illustre parfaitement cette disparité. Bien que louable dans son intention de soutenir l’entrepreneuriat féminin, ce dispositif soulève des interrogations quant à sa méthodologie et son impact réel. L’attribution des financements, souvent perçue comme relevant davantage d’une stratégie politique que d’une véritable analyse des besoins, ne garantit pas nécessairement que les ressources parviennent aux femmes qui en ont le plus besoin.
Cette situation crée un déséquilibre préoccupant. Les hommes, contraints de subvenir aux besoins de leurs familles (nourriture, éducation, santé, logement), se retrouvent sans filet de sécurité institutionnel. Cette exclusion des mécanismes de financement public peut paradoxalement fragiliser les familles qu’ils soutiennent, créant ainsi un cercle vicieux de précarité.
La solution résiderait dans une approche plus équilibrée des politiques de financement public. Sans remettre en cause les acquis des programmes destinés aux femmes, il devient urgent de développer des dispositifs spécifiques pour les hommes chefs de famille. Ces mécanismes devraient être conçus en tenant compte des réalités socio-économiques et des responsabilités particulières qui incombent aux hommes dans la société sénégalaise.
En ignorant les besoins de financement des hommes, c’est non seulement leur capacité à assumer leur rôle traditionnel qui est compromise, mais c’est aussi tout l’équilibre familial qui s’en trouve menacé. Une politique de financement véritablement inclusive devrait considérer tous les acteurs de la cellule familiale, hommes comme femmes, pour un développement harmonieux et durable de la société sénégalaise.
Il est temps de repenser ces politiques pour qu’elles reflètent mieux la réalité des responsabilités familiales et contribuent efficacement à la lutte contre la pauvreté, sans discrimination de genre. L’enjeu n’est pas de créer une compétition entre les genres, mais de garantir que chaque membre de la société dispose des outils nécessaires pour contribuer au bien-être familial et collectif.

IBRAHIMA DIOUF GG

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