Yeumbeul-Nord – Mort suspecte de Mor Seck : l’autopsie accable, la famille continue de s’acharner sur la police
Les conclusions de l’autopsie sont tombées et viennent raviver la douleur et la colère de la famille de Mor Seck. Ce réparateur de téléphones, décédé à l’hôpital de Pikine le 11 juin dernier dans des circonstances troubles, aurait succombé à de graves lésions internes. Une issue fatale que ses proches attribuent à des violences policières subies lors de son interpellation, le 23 mai, au quartier Wakhinane Nimzatt de Guédiawaye.
Le rapport médical, établi le 16 juin et repris par L’Observateur, évoque un « décès dans un contexte de choc infectieux sur péritonite aiguë généralisée, consécutive à une perforation gastrique ». L’autopsie décrit aussi des dommages organiques significatifs : épanchement liquidien abdominal, hématome au cuir chevelu, hépatisation pulmonaire bilatérale, hydrotorax, reins de choc, stéatose hépatique aiguë. Pour les proches du défunt, ces éléments confortent leur thèse. « Les résultats confirment ce que nous dénonçons depuis le début : mon fils a été battu à mort », soutient Khadim Seck, père de la victime. Sa voix, empreinte de chagrin, réclame désormais justice.
Les faits remontent au 23 mai, en fin de journée. Mor Seck sortait du marché de Thiaroye lorsqu’il a été interpellé par des hommes se présentant comme des policiers en civil, carte professionnelle à l’appui. Il était environ 18 heures, au niveau du quartier « Étage Madialé ». Le ton monte rapidement. Selon les informations rapportées, les agents lui reprochent une attitude de défiance, fouillent son sac contenant trois téléphones, puis le menottent avant de l’emmener. Selon le témoignage de son frère, Ousmane Seck, Mor aurait été conduit d’abord à la station de Yeumbeul, puis au poste de police de Yeumbeul-Nord, où il serait resté jusqu’à 2 heures du matin. « Quand il est rentré, il était très faible, il ne parlait presque pas. Il avait reçu des coups au visage, à la tête et au ventre », affirme-t-il. Les jours suivants, l’état de Mor Seck se détériore. Le 8 juin, il est transporté d’urgence à l’hôpital de Pikine. Les médecins détectent des lésions digestives profondes. Il est opéré le lendemain, mais ne survit pas. Il meurt le 11 juin, dans un silence assourdissant. Face à ce drame, la famille a déposé une plainte. Le parquet de Pikine-Guédiawaye a confié l’enquête à la Division des Investigations Criminelles (DIC).
Mais l’affaire prend un tournant embarrassant pour les enquêteurs. Une source policière contactée par L’Observateur assure qu’« aucun individu du nom de Mor Seck n’a été interpellé ni placé en garde à vue » au poste de Yeumbeul-Nord. Pire encore, selon la même source, le lieu de l’interpellation ne relèverait même pas de la compétence territoriale de ce commissariat.
Autant d’éléments qui alimentent les soupçons d’une bavure étouffée. En attendant que l’enquête de la DIC éclaire l’affaire, une famille pleure un fils, un frère, un soutien. Un homme de 27 ans, parti brutalement, dans des circonstances que les siens refusent de qualifier d’« accidentelles ».