Trump frappe fort : des surtaxes à l’importation ciblent 60 pays, plus de 100% pour la Chine (Par Afp)

Les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, ont déclenché une nouvelle offensive commerciale mercredi en imposant des surtaxes à l’importation touchant 60 pays. Le geste marque un tournant majeur dans la politique commerciale américaine, ciblant frontalement la Chine avec un taux cumulé dépassant les 100%. Cette stratégie, revendiquée comme un levier de rapatriement industriel, suscite une onde de choc sur les marchés et ouvre un nouveau cycle d’incertitudes géopolitiques. Un choc tarifaire d’ampleur mondialeLa mesure, entrée en vigueur à 04h00 GMT, frappe notamment l’Union européenne (20%), la Corée du Sud (25%) ou encore le Vietnam (46%). Mais c’est la Chine qui paie le tribut le plus lourd : avec une surtaxe portée à 84%, additionnée aux 20% imposés depuis janvier, le taux d’imposition sur les produits chinois atteint 104%. Cette décision fait suite à une précédente riposte de Pékin, qui avait relevé ses propres droits sur les biens américains.

Un bras de fer sino-américain sans issue claire

Ce nouvel épisode de la guerre commerciale entre les deux géants ne se limite plus à des représailles ponctuelles. Il s’inscrit dans une logique d’affrontement systémique où l’enjeu dépasse la balance commerciale : il s’agit désormais d’un combat pour la suprématie économique, industrielle et technologique. Pékin dénonce une entrave à son développement et promet des contre-mesures “fermes et vigoureuses”, laissant présager une escalade durable.

Volatilité financière et craintes sur la croissance

Les marchés financiers ont immédiatement réagi : effondrement des principales Bourses asiatiques, chute du pétrole à son plus bas niveau depuis quatre ans, et forte baisse des places européennes. L’aversion au risque a fait bondir les valeurs refuges, comme le yen, tandis que plusieurs banques centrales — Nouvelle-Zélande, Inde — ont abaissé leurs taux pour limiter l’impact de ce choc externe.

Les craintes se cristallisent autour d’un ralentissement du commerce mondial, de la montée de l’inflation importée et d’un affaiblissement de la consommation. Pour les pays très dépendants de leurs exportations vers les États-Unis, comme la Corée du Sud, les conséquences immédiates pourraient être sévères, notamment pour l’automobile.

Vers une fragmentation du commerce mondial ?

Au-delà de la conjoncture, la stratégie américaine traduit une volonté de remodeler les chaînes de valeur globales. Le président Trump affirme vouloir négocier des “accords sur mesure”, rompant avec le multilatéralisme commercial. Ce basculement vers des relations bilatérales asymétriques, dominées par la puissance américaine, inquiète les institutions internationales et les partenaires historiques des États-Unis. L’Union européenne, bien que directement visée, tente encore de jouer l’apaisement. Ursula von der Leyen a appelé à éviter l’escalade, tandis que Paris et Bruxelles planchent sur des mesures de rétorsion ciblées. L’enjeu est double : préserver l’unité du bloc tout en contenant les représailles américaines.

Un équilibre mondial fragilisé

Cette nouvelle salve tarifaire renforce la fragmentation du commerce mondial et exacerbe les tensions géopolitiques. Si les États-Unis entendent protéger leur industrie, ils prennent le risque d’affaiblir la stabilité économique globale, d’isoler leurs partenaires et de renforcer les alliances alternatives autour de la Chine. Dans un contexte déjà tendu, cette politique de confrontation pourrait durablement redessiner les rapports de force économiques au XXIe siècle.