Procès du commandant Ibrahima Dramé : des menaces glaçantes contre le général Moussa Fall au cœur d’un contentieux explosif
Des mots lourds de menace, des noms de proches cités, et une allusion directe à une possible dérive armée : voilà les éléments au cœur du dossier judiciaire explosif qui oppose le commandant Ibrahima Dramé à trois hauts gradés de la gendarmerie, dont l’ancien Haut commandant, le général Moussa Fall. L’affaire, évoquée le 19 juin dernier, a été renvoyée au 6 novembre prochain. Un renvoi décidé par le tribunal afin de permettre la comparution de l’Agent judiciaire de l’État, désormais constitué dans la procédure, rapporte Les Échos.
Tout commence par une série de menaces proférées par Ibrahima Dramé, ancien officier affecté à l’état-major particulier du président de la République. Après avoir été emprisonné pour escroquerie au visa et dans une affaire foncière, puis gracié par le président Macky Sall, Dramé nourrit une profonde rancune envers ceux qu’il estime responsables de ses déboires : le général Moussa Fall, ainsi que les colonels Abdou Mbengue et Cheikh Faye.
Mais ce ressentiment dépasse le cadre de la critique : il se traduit par des propos explicites, envoyés directement au général Fall via téléphone. Dans un message glaçant, Dramé écrit :
« Je connais le nom de ton épouse, de ton fils et de tes proches… Si le Sénégal n’a pas besoin de moi, la Casamance peut m’accueillir à bras ouverts parce que j’ai été formé au maniement des armes. »
Cette déclaration, à la fois personnelle, menaçante et lourde de sous-entendus sécuritaires, a suscité une vive inquiétude au sein de la haute hiérarchie militaire. Arrêté le 24 janvier 2024 à Ziguinchor, puis transféré à la Section de recherches de Dakar, Ibrahima Dramé a reconnu les faits au cours de l’enquête, tout en tentant de minimiser la portée de ses propos en les attribuant à un moment de colère. Il a ensuite présenté des excuses aux personnes visées.
Mais pour la justice, l’affaire est trop grave pour être classée sur de simples regrets. Le parquet a maintenu la procédure, considérant que les menaces, clairement formulées, constituaient une atteinte grave à la sécurité et à l’intégrité morale de hauts responsables militaires.
Le procès, attendu en novembre, devrait mettre à nu les tensions internes au sein de la gendarmerie, mais surtout, mesurer le poids des mots dans une institution où le maniement des armes ne relève pas de la métaphore.