Guédiawaye : entre précarité, insécurité et espoirs d’un avenir meilleur
Guédiawaye, département de la région de Dakar, incarne à la fois le dynamisme urbain et les défis persistants des banlieues sénégalaises. Une enquête récente, menée du 1er au 15 août 2025 par Dilam Group, dresse un état des lieux préoccupant des conditions de vie de ses habitants : chômage, insécurité, insalubrité, mais aussi une volonté de changement exprimée par une population majoritairement adulte et instruite.
Une population active mais fragile
L’étude révèle que 63 % des répondants sont des hommes, avec une forte représentation de la tranche 45-54 ans (34 %). Les jeunes de moins de 25 ans restent minoritaires (13 %), ce qui reflète une vision davantage ancrée dans les priorités des ménages installés : emploi, sécurité et éducation.
Si la moitié des habitants dispose d’un niveau d’études supérieur, près d’un cinquième n’a pas dépassé le primaire, accentuant les inégalités d’accès au marché du travail.
Économie : la dépendance à l’informel
Avec 30 % de travailleurs indépendants et 21 % dans l’informel, l’économie locale peine à absorber les jeunes diplômés. Le chômage (15 %) reste élevé, notamment chez les jeunes. Côté revenus, un tiers des habitants survit avec moins de 100 000 FCFA par mois, alors que seuls 10 % dépassent 500 000 FCFA. Une fracture sociale nette traverse ainsi la commune.
Services de base : l’électricité oui, l’assainissement non
Si l’électricité (95 %) et l’eau potable (91 %) sont globalement accessibles, les toilettes modernes ne concernent que 74 % des ménages. L’accès à Internet reste contrasté : 34 % via Wi-Fi, 57 % via mobile, mais 8 % des habitants n’ont aucune connexion.
Santé : un accès limité aux soins
Les structures de santé les plus utilisées sont l’hôpital (32 %) et les postes de santé (28 %). Mais le constat est alarmant : seuls 30 % bénéficient d’une couverture maladie et 42 % peinent à payer leurs soins. La fragilité sanitaire est donc un enjeu majeur pour les autorités locales.
Sécurité et environnement : l’urgence absolue
La sécurité est la principale préoccupation : 66 % des habitants se sentent en insécurité, évoquant vols, agressions et trafic de drogue (94 %). L’insalubrité (77 %), le bruit (93 %) et la pollution de l’air (85 %) renforcent le malaise quotidien. Les habitants pointent aussi le manque d’éclairage public et la gestion défaillante des ordures.
Mobilité et satisfaction : des transports saturés
La majorité des habitants (63 %) dépend du transport en commun, seuls 8 % possèdent un véhicule personnel. Cette dépendance souligne l’urgence d’une modernisation des bus et cars rapides. Sur le plan global, 72 % des habitants se disent insatisfaits de leurs conditions de vie. La moitié estime que la situation n’a pas changé en cinq ans, et un tiers qu’elle s’est détériorée.
Les priorités des habitants
Cinq axes ressortent comme essentiels :
1. Sécurité publique (plus de police et d’éclairage).
2. Salubrité et environnement (gestion des déchets, lutte contre le bruit et la pollution).
3. Emploi et entrepreneuriat local (soutien aux jeunes et aux artisans).
4. Infrastructures sportives et de loisirs (espaces verts, terrains de jeux).
5. Éducation et formation professionnelle (accès équitable, centres techniques).
Entre désillusion et attentes
L’étude révèle une réalité contrastée : Guédiawaye est une commune pleine de vitalité, où la jeunesse instruite aspire à mieux, mais reste prisonnière du chômage et de l’insécurité. Les recommandations vont de mesures immédiates — comme le renforcement de la police et la mise en place de bacs à ordures — à des projets de long terme, tels qu’un complexe sportif municipal et la modernisation des transports.
Au fond, les habitants de Guédiawaye n’expriment pas seulement un diagnostic, mais aussi un appel pressant : celui d’une banlieue qui veut sortir du cercle vicieux de la précarité pour accéder à une véritable qualité de vie.