Fonds Force Covid-19 : ce que révèlent les auditions des agents du ministère de la Santé
L’enquête sur la gestion des fonds Force Covid-19 continue de faire tomber des têtes. Ce mercredi, six agents du ministère de la Santé ont été déférés au parquet de Dakar avant d’être placés en retour de parquet. Ousseynou Ngom, Moussa Sam Daf, Mamadou Ndiaye, Lamine Diallo, Babakar Sène et Alioune Badara Diop sont poursuivis dans le cadre de l’enquête n°597/DIC/BAT ouverte le 26 juillet 2023, sur les fonds débloqués dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale (PRES), destiné à atténuer les effets de la pandémie de Covid-19. Selon Seneweb, le procureur de la République a ordonné, par soit transmis n°3153/PR du 11 avril 2025, la poursuite des investigations et la conduite des mis en cause par la Division des investigations criminelles (DIC).
Ousseynou Ngom plaide l’urgence sanitaire
Face aux enquêteurs, Ousseynou Ngom, directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE) du ministère de la Santé, a évoqué le contexte exceptionnel de la pandémie. Il a justifié les procédures dérogatoires par un décret présidentiel permettant de contourner le Code des marchés publics. Des fournisseurs ont été engagés rapidement, certains recommandés par l’ancien ministre de la Santé.Interrogé sur les paiements de primes versées au personnel de santé, Ngom affirme avoir agi sur instruction verbale du ministre, après un Conseil des ministres tenu le 1er avril 2020. Il dit avoir proposé de récupérer les montants indûment perçus via des ordres de recettes adressés aux agents concernés.
À Dalal Jamm, un milliard et demi pour des projets sensibles
Le site renseigne que le directeur de l’hôpital Dalal Jamm, Moussa Sam Daf, a assuré que l’enveloppe d’1,5 milliard F CFA reçue par son établissement visait exclusivement deux projets : la greffe de moelle osseuse et la procréation médicalement assistée. Une version corroborée par une note du ministère des Finances datée d’août 2020. Le comptable de l’hôpital, Alioune Badara Diop, a remis aux enquêteurs les pièces justificatives des dépenses liées à la gestion du Covid-19. Selon lui, l’hôpital a reçu 590 millions F CFA sur deux ans, destinés à l’achat de médicaments, de matériel, d’oxygène, à la prise en charge des malades et à l’équipement des services. Il admet que certains virements ont précédé les justificatifs, mais assure que toutes les pièces ont été transmises en bonne et due forme. Concernant le marché attribué à la société BIOTECH (409 millions F CFA), Diop affirme que le matériel a été livré avant paiement intégral, avec une avance de 20 %. Il ajoute que le fournisseur a été réglé à 95 % avant l’installation, le solde ayant été versé après mise en service. Pour la société Oumou Leader Distribution (138 millions F CFA), le dossier de paiement est toujours en attente.
À Kaffrine, un flou de 45 millions F CFA
Le dossier s’assombrit à l’hôpital régional de Kaffrine. Toujours d’après Seneweb, les enquêteurs ont relevé de sérieuses contradictions entre le directeur, Babakar Sène, et son comptable, Lamine Diallo, concernant l’utilisation de 45 millions F CFA reçus dans le cadre de la pandémie. Lors d’une confrontation, Babakar Sène a nié toute responsabilité sur les deux derniers virements de 15 et 10 millions F CFA, qu’il dit ne pas avoir autorisés. Il pointe du doigt son comptable, qu’il accuse d’avoir agi à son insu. De son côté, Lamine Diallo affirme avoir exécuté les dépenses sur la base d’ordres de paiement signés par le directeur. Une version qui n’a pas convaincu les enquêteurs.