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Dette publique : le Sénégal suspendu aux conclusions du rapport Mazars

Le Sénégal attend avec inquiétude les conclusions du rapport d’audit commandé au cabinet Forvis Mazars, censé faire la lumière sur l’ampleur réelle de la dette publique. Ce travail de vérification, initié par les nouvelles autorités à la suite des révélations d’une dette dissimulée de 7 milliards de dollars, pourrait révéler un endettement bien supérieur aux estimations initiales.Mandaté par le ministre des Finances Cheikh Diba et le Premier ministre Ousmane Sonko, le cabinet français Forvis Mazars, via sa filiale sénégalaise dirigée par Sidy Diakhoumpa, mène actuellement un audit exhaustif des engagements financiers de l’État, créancier par créancier. L’objectif est de répertorier l’ensemble des dettes contractées, y compris les passifs des grandes entreprises publiques comme Sénélec, la Société africaine de raffinage (SAR) et l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), longtemps exclus du périmètre officiel.

Cette initiative intervient dans un contexte de forte pression financière. Selon un rapport publié par Barclays, la dette du Sénégal aurait atteint 119 % du PIB à fin 2024, un chiffre nettement supérieur aux 105,7 % projetés en mars par le Fonds monétaire international (FMI), après la mission d’Edward Gemayel. L’économiste Michael Kafe parle d’un niveau d’endettement « sans précédent et inexpliqué », qui remet en question la sincérité des données transmises par les autorités précédentes. Ces écarts de chiffres ont conduit le FMI à ouvrir une procédure de “misreporting”, toujours en cours, dans l’attente des conclusions définitives du rapport Mazars. D’après Jeune Afrique, le rapport préliminaire de la Cour des comptes, à l’origine de l’alerte, a été jugé « incomplet et imprécis », rendant l’audit indépendant encore plus crucial pour rétablir la confiance.

Les résultats de l’audit sont attendus au plus tôt en septembre 2025. Ils seront déterminants pour réévaluer la position du FMI, qui pourrait, selon les conclusions, suspendre ou reconfigurer l’accord de 1,8 milliard de dollars signé en juin 2023 sous Macky Sall. Dans le pire des scénarios, l’institution de Bretton Woods pourrait exiger le remboursement partiel des fonds déjà versés, plongeant encore davantage le pays dans une crise financière.

Le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye joue donc une carte décisive : la transparence budgétaire comme condition d’un retour à la crédibilité internationale.

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