Côte d’Ivoire : Valérie Yapo, la femme qui défie Tidjane Thiam
Elle ne cache pas ses intentions. Valérie Yapo veut barrer la route à Tidjane Thiam. L’exclue du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) pour « indiscipline notoire » a décidé de porter le combat sur le terrain judiciaire. Elle conteste la légitimité de l’élection de l’ancien patron du Crédit Suisse à la tête du parti et accuse la direction intérimaire d’avoir volontairement trompé les militants.
« On a endormi les militants »
Selon elle, les congressistes n’auraient jamais dû valider la candidature de Tidjane Thiam s’ils avaient eu connaissance de sa double nationalité. « Dans quelles conditions les congressistes l’ont-ils porté à la tête de notre parti ? Pourquoi ont-ils adopté la motion faisant de lui le candidat naturel pour la présidentielle de 2025 ? Tout simplement parce qu’ils ignoraient qu’il était Français », a-t-elle dénoncé dans un entretien accordé à Fraternité Matin en février dernier.
Mme Yapo affirme que la direction intérimaire du parti, ainsi que le comité électoral, détenaient cette information mais ont choisi de la taire. « On a purement et simplement endormi les militants », accuse-t-elle.
Une bataille judiciaire en deux actes
Dans sa requête, Valérie Yapo demande la suspension de tous les organes du PDCI, y compris la présidence, ainsi que la nomination d’un administrateur provisoire. Mais le 11 avril, la juge des référés s’est déclarée incompétente, estimant que l’affaire relevait du juge de fond, déjà saisi. Pour l’avocat du PDCI, Me Rodrigue Dadjé, cette décision est « une très bonne nouvelle ». Une lecture que ne partage pas le camp Yapo.
« Ce n’est pas une défaite. La juge a simplement reconnu que le fond du dossier devait être tranché par une autre juridiction », a réagi son avocat. Rendez-vous est donc pris pour le 24 avril.
Un certificat de nationalité suspendu
En attendant cette échéance, la justice a infligé un revers symbolique à Tidjane Thiam : sa demande de certificat de nationalité a été suspendue. La présidente du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau a estimé que sa nationalité ivoirienne faisait l’objet d’un litige.Une décision qui complique encore un peu plus le parcours présidentiel de l’ancien banquier.Un pardon qui ne suffit pasIronie du sort, malgré leur différend, Tidjane Thiam avait intégré Valérie Yapo dans le bureau politique du parti, comme pour enterrer la hache de guerre. Mais celle-ci ne l’entend pas de cette oreille. Résolue à faire échouer ses ambitions, elle multiplie les offensives, bien décidée à faire vaciller la stature d’un homme que le parti voyait déjà comme un recours.