Blasphème : Moussa Diagne visé par une double plainte de collectifs religieux
Le polémiste et activiste religieux Moussa Diagne, figure controversée de la mouvance spirituelle dite des Yalla-Yalla, est au cœur d’une vive polémique après la diffusion de propos jugés blasphématoires sur les réseaux sociaux. Le Conseil de défense des valeurs morales du Sénégal, regroupant plusieurs associations religieuses et organisations de la société civile, a déposé deux plaintes distinctes contre lui : l’une auprès de la Division spéciale de la cybercriminalité, l’autre devant le Procureur du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar. Connu pour ses prêches en ligne, son ton provocateur et ses prises de position critiques vis-à-vis de certaines figures de l’islam sénégalais, Moussa Diagne est accusé d’avoir tenu des propos outrageants à l’endroit de Serigne Touba, du Saint Coran, et même de la représentation divine, dans des vidéos largement relayées sur les plateformes numériques. Des extraits de ses interventions, jugées “profondément offensantes” par les plaignants, ont été versés au dossier comme pièces à conviction.Le collectif estime que ces déclarations ne relèvent pas de la simple liberté d’opinion, mais constituent “une atteinte grave à la paix publique, à la cohésion sociale, et à la sensibilité religieuse des croyants”. Il en appelle à une réaction ferme des autorités judiciaires, jugeant que “l’impunité face au blasphème risque de créer un précédent dangereux dans un pays où la foi occupe une place centrale dans la vie collective”.Une figure clivante des “Yalla-Yalla”Moussa Diagne se réclame du courant religieux dit des Yalla-Yalla, une mouvance mystique issue du mouridisme mais qui s’en distingue par une approche ésotérique et une lecture symbolique des textes sacrés. Ses partisans voient en lui un penseur libre, engagé dans une quête spirituelle profonde ; ses détracteurs, eux, dénoncent une posture arrogante et destructrice, qui brouille les repères religieux traditionnels.Le terme « Yalla-Yalla » serait né dans les années 1990, autour de Cheikh Moussa Cissé dit Ndiamé Darou, lorsqu’il affirmait : « Je suis l’accès au royaume de Dieu. » Cette parole, interprétée comme une déclaration d’élection divine, a donné naissance à un courant spirituel centré sur la connaissance directe de Dieu, au-delà des formes traditionnelles du culte.Serigne Modou Cissé, fils du fondateur, défend la légitimité du courant : « La vraie foi ne se limite pas à la pratique extérieure. Elle réside dans le secret du kalima — la ilaha illallah — qui mène au paradis. » Pour lui, Moussa Diagne s’inscrit dans cette filiation, bien que ses méthodes soient parfois critiquées au sein même du groupe.Condamnation d’une autorité religieuseFace à la montée des tensions, Serigne Aliou Cissé, khalife de Cheikh Moussa Cissé, a tenu à se désolidariser publiquement. Dans une déclaration solennelle, il rappelle que les propos de Moussa Diagne “n’engagent que leur auteur” et ne sauraient refléter l’enseignement du fondateur de Darou. Il enjoint à la retenue, à la préservation de la paix et à un retour aux fondamentaux de l’islam : le Coran, la Sunna du Prophète (PSL), et les valeurs du mouridisme.