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sraël-Iran : une guerre de l’ombre éclate au grand jour

AFP

Les bombardements israéliens des vendredi 13 et samedi 14 juin ont fait au moins 128 morts en Iran, dont 40 femmes et un nombre important d’enfants, selon le ministère iranien de la Santé, cité par le quotidien Etemad. Près de 900 personnes auraient été blessées. Une explosion a par ailleurs secoué dimanche le centre de Téhéran, près de la place Valiasr, selon l’agence Tasnim. Des images diffusées montrent des débris, de la fumée et des vitres brisées.

Cette escalade meurtrière, inédite dans sa forme et son intensité, marque un tournant dans les relations déjà tendues entre les deux ennemis jurés. Car au-delà des frappes aériennes, l’opération israélienne s’est appuyée sur une infiltration de longue haleine menée par le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien. Une machine de guerre clandestineDeux présumés membres du Mossad, accusés de fabriquer des explosifs et du matériel électronique, ont été arrêtés dans la province d’Alborz, à l’ouest de Téhéran, selon la police iranienne. Ce n’est que la partie émergée d’un vaste réseau. Selon plusieurs analystes et médias israéliens, l’opération surnommée “Lion dressé” a mobilisé des centaines d’agents, dont des unités spéciales composées d’opérateurs iraniens travaillant pour le compte d’Israël.« Cela montre la supériorité opérationnelle et en matière de renseignement d’Israël sur l’Iran », affirme Danny Citrinowicz, analyste à l’Institut des études de sécurité nationale de Tel-Aviv. Le Mossad aurait déployé en amont des systèmes d’armes guidées dans des véhicules, positionnés à proximité des lanceurs de missiles sol-air iraniens. Résultat, une large partie de la défense aérienne iranienne a été neutralisée, ouvrant la voie aux frappes aériennes israéliennes. Une opération chirurgicale, des cibles de haut rangLes cibles étaient particulièrement symboliques. Parmi les victimes, selon des sources proches du renseignement, figureraient le chef d’état-major iranien, le commandant des Gardiens de la Révolution, tout le service aérospatial des Pasdarans, ainsi que neuf scientifiques nucléaires. « C’est d’une précision redoutable », confie une source sécuritaire européenne. « On est dans une opération chirurgicale d’une rare maîtrise, malgré les pertes civiles. » Israël suit de près le programme nucléaire iranien depuis plus de 15 ans. Selon le géopoliticien Michael Horowitz, ces frappes constituent l’aboutissement d’années de collecte de renseignements et d’infiltration en profondeur de la République islamique.

L’humiliation iranienne

L’Iran vit depuis des mois sous pression. L’assassinat à Téhéran d’Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas, en juillet dernier, avait déjà mis en lumière les failles de son système de sécurité. Malgré les purges, les exécutions de « traîtres » présumés et les arrestations, le contre-espionnage iranien, centré sur les menaces internes, semble incapable de colmater les brèches exploitées par les services israéliens.« Israël dispose d’un réseau dormant capable de se réactiver à tout moment », analyse Alain Chouet, ancien haut responsable de la DGSE française. « Le Mossad peut mobiliser rapidement de nombreuses ressources humaines sur un sujet stratégique, là où les services occidentaux sont englués dans une logique de couverture globale. »

Une guerre de l’ombre devenue centrale

La montée en puissance du renseignement dans les conflits modernes est patente. Après les frappes, les experts évoquent un changement d’ère. « Désormais, la guerre se gagne dans les cerveaux autant que sur le champ de bataille », observe Benjamin Jensen, du CSIS de Washington. Il s’agit de paralyser l’adversaire par une combinaison d’actions spéciales, de frappes ciblées et de guerre psychologique.

Reste l’attitude énigmatique des États-Unis. Officiellement, l’administration américaine ne soutient pas cette attaque. Donald Trump, en pleine campagne, aurait même exhorté Tel-Aviv à la retenue. Pourtant, les observateurs relèvent que le sommet de l’État américain a été tenu à l’écart, et que plusieurs signaux suggèrent une forme de complicité tacite. Malgré les tensions entre Washington et Tel-Aviv, Israël semble avoir conservé sa liberté d’action. Et Téhéran, sidéré, constate l’étendue des dégâts… et de l’infiltration.

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