Publication du rapport de la Cour des comptes : Mamadou Faye confirme la saisine de la justice
En marge de la 10e Assemblée générale de l’AISCCUF (Association des institutions supérieures de contrôle ayant en commun l’usage du français), Mamadou Faye, Premier président de la Cour des comptes du Sénégal, est revenu sur la vive polémique déclenchée par la publication du rapport sur la gestion des finances publiques. Une première sur le continent africain, selon lui, qui s’inscrit dans une logique de transparence et de redevabilité. « C’est une première en Afrique. Il est donc normal qu’il y ait des réactions. Mais nous avons fait notre travail, et nous restons ouverts à la polémique », a-t-il déclaré, soulignant que la publication du rapport est conforme aux exigences du Code de transparence dans la gestion des finances publiques.
« La Cour ne nous appartient pas »
Mamadou Faye a rappelé que la Cour des comptes agit au nom des citoyens et que ses rapports doivent être compris comme des outils d’information et de contrôle démocratique. « Nos travaux sont faits pour le public. Si cela suscite des débats, c’est sain. Mais il faut aussi comprendre que la Cour est souvent méconnue. Il nous revient de mieux expliquer nos missions », a-t-il lancé, appelant les journalistes et les citoyens à s’approprier les mécanismes de contrôle budgétaire.
Le principe du contradictoire respecté
Interpellé sur les accusations de manque de concertation, le président de la Cour des comptes a tenu à apporter des précisions : « Une fois le rapport provisoire établi, il a été transmis au ministère des Finances, qui a eu l’occasion d’y répondre. La contradiction entre la Cour et le ministère a été bien assurée. En revanche, les réponses entre le ministère des Finances et les autres entités concernées ne relèvent pas de notre compétence. Il faut faire la part des choses. »
Justice et discipline financière saisies
Plus marquant encore, Mamadou Faye a confirmé que des suites ont été données au rapport, sur le plan judiciaire comme disciplinaire. « Lorsqu’un rapport révèle des fautes de gestion, la Chambre de discipline financière est saisie. Et s’il y a des faits susceptibles de constituer des infractions pénales, les autorités judiciaires sont également saisies », a-t-il affirmé.À ce jour, a-t-il précisé, les dossiers concernés ont été transmis au Procureur général de la Cour des comptes ainsi qu’au ministère de la Justice. Un signal fort dans un contexte de plus en plus exigeant en matière de reddition des comptes et de lutte contre l’impunité.