Mia Guissé dans la tourmente : quand l’art se heurte à la morale religieuse
La chanteuse Mia Guissé a été convoquée ce mardi 29 avril à 16h par la Division spéciale de cybersécurité (DSC), suite à une plainte déposée par Mame Matar Guèye, figure de l’ONG islamique Jamra. Elle est accusée d’atteinte aux bonnes mœurs pour des paroles jugées obscènes dans la chanson Titulaire, interprétée lors d’un concert à Somone. Mais pour ses proches, cette affaire dépasse le simple cadre artistique. Dans les colonnes de L’Observateur, son frère et producteur, Djibril Guissé, s’insurge contre une « instrumentalisation du religieux pour restreindre l’espace artistique ». Il précise que « le passage incriminé n’a pas été chanté par Mia elle-même, mais par l’artiste Bass Thioung », dénonçant une « lecture déformée d’une chanson d’amour pleine de métaphores sportives ».« Mame Matar Guèye s’érige en censeur autoproclamé, distribuant les brevets de moralité à sa guise, souvent au mépris de la loi et du principe de laïcité », déclare-t-il. Et d’ajouter : « L’art n’a pas vocation à plaire à tout le monde. Essayer de le contrôler, c’est appauvrir le débat public. ».
Son oncle, Aly Dia dit Yaaya Mahbel, évoque pour sa part un « choc psychologique » au sein de la famille, marqué par « stress, anxiété et sentiment d’injustice ». Il affirme que « la famille reste unie et fière de l’héritage de son père, Alassane Guissé, qui a toujours défendu la liberté, l’éducation et la créativité ».Pour ses proches, Mia Guissé incarne désormais une résistance artistique face aux tentatives de moralisation excessive. « Elle représente cette nouvelle génération d’artistes sénégalais, conscients de leurs droits et résolus à ne pas se plier aux injonctions moralisatrices », conclut Djibril Guissé. « Si procès il devait y avoir, ce serait celui de la liberté contre l’intolérance. »