Malick Gackou définit ses relations avec Ousmane Sonko:”nous partageons une ambition de rupture et de changement positif pour notre pays”
Allié de la première heure de Pastef et acteur inlassableble de la victoire écrasante de la liste concoctée par Ousmane Sonko aux élections législatives du 17 novembre 2024, Malick Gakou reste fidèle à son engagement d’œuvrer à côté du régime présidentiel.
Le leader du Grand Parti reste plus
déterminé que jamais à soutenir les nouvelles autorités et le rappelle à travers cet excellent entretien accordé aux pages de L’Observateur, où le docteur en économie aborde les questions d’actualité avec une maturité politique avérée.
Vous avez été victime d’une attaque violente lors
de la campagne pour les élections législatives à
Koungheul, qui a entraîné une double fracture ou-
verte au bras. Pouvez-vous revenir sur les circons-
tances de cet incident ?
Je tiens d’abord à remercier tous ceux qui m’ont témoigné leur soutien après cet incident. C’est pendant ces moments de difficultés que nous sentons la grandeur d’âme du peuple sénégalais dans la compassion, l’empathie et la solidarité. À
Koungheul, la caravane du Premier ministre Ousmane
Sonko, tête de notre liste Pastef a été victime d’une attaque sans précédent dans le cadre de la campagne électorale des élections législatives du 17 novembre 2024. Nous avons été pris à partie par des individus qui, manifestement, cherchaient à perturber notre campagne. L’attaque a été brutale et préméditée. Cet état de fait reflète une triste réalité du paysage politique de notre pays marquée depuis un certain temps par l’intolérance et l’usage de la violence pour museler les opinions divergentes et cela malgré l’appel insistant du Premier Ousmane Sonko pour une campagne de propositions de projets et d’idées. Toutefois, cet événement, loin de
freiner nos ardeurs, nous a renforcé dans notre détermination à œuvrer inlassablement pour la victoire du peuple.
- Sur le plan physique et psychologique, avez-vous
conservé des séquelles de cette attaque ?
Sur le plan physique, je suis encore en convalescence bien que des douleurs persistantes me rappellent constamment cet épisode malheureux durant lequel j’ai reçu une pierre et perdu beaucoup de sang. Psychologiquement, je dirais que cela m’a surtout renforcé. Ces épreuves nous poussent à redoubler d’efforts pour défendre nos convictions et à ne jamais céder à l’intimidation. Cet événement est une preuve supplémentaire parmi les nombreuses que j’ai déjà subies dans notre combat pour l’avènement d’une démocratie renforcée, d’un état de droit et du développement harmonieux de notre pays. - Le Pastef, la liste que vous avez soutenue, a rem-
porté une victoire écrasante avec 130 sièges sur les 165 que compte l’Assemblée nationale. Comment avez-vous vécu ce raz-de-marée électoral ?
C’est un moment historique qui marque un tournant dans la vie politique de notre pays. Cette victoire est le fruit d’un engagement collectif et d’une adhésion massive des Sénégalais à une vision de changement enclenchée depuis la présidentielle de mars 2024. La majorité des Sénégalais qui avait opté pour un changement profond dans la gouvernance de notre pays a logiquement renouvelé sa confiance
au Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko pour la concrétisation de leurs ambitions pour le Sénégal. C’est la victoire du peuple mais aussi et surtout celle du Président Ousmane Sonko qui, encore une fois, a pu, grâce à son engagement et son leadership visionnaire, fédérer autour de sa personne tous les patriotes épris de paix, de justice et soucieux du développement harmonieux de notre pays. Je lui adresse mes félicitations les plus profondes pour cette éclatante victoire. C’est ce qui explique toute notre fierté d’avoir soutenu cette dynamique qui incarne, à travers la Vision Sénégal 2050 et le triptyque « Jub,jubal, jubanti », la rupture et l’espoir. Mais cette victoire impose aussi une responsabilité : celle de répondre efficacement aux attentes du peuple et de montrer que cette confiance n’a pas été placée en vain. - Quels enseignements tirez-vous de ces élections,
particulièrement pour l’avenir du Grand Parti ?
Ces élections ont montré que l’unité au sein de la majorité est une force décisive. Pour le Grand Parti, cela signifie que nous avons eu raison, conformément à la Charte de Yewwi Askan Wi signée le 02 septembre 2021, de participer à la construction d’alliances stratégiques tout en consolidant nos bases. Le message des électeurs est clair : ils veulent du changement, mais aussi des leaders capables de proposer des solutions concrètes. Notre priorité sera de renforcer notre ancrage local et de jouer un rôle actif dans la construction de ce nouvel élan national. L’avenir du Grand Parti se conjugue parfaitement avec celui de Pastef et de cette nouvelle génération d’hommes politiques préoccupés uniquement par le devenir du Sénégal et de ses populations. Pour
ma part, je réaffirme mon engagement patriotique à apporter mon soutien sans faille dans ce combat pour l’avènement de ce Sénégal juste, prospère et souverain. Je lance aussi un appel à toutes les forces vives pour une grande mobilisation nationale afin d’accompagner cette dynamique. Aux hommes politiques de la mouvance présidentielle, je les exhorte à l’unité, la cohésion et la solidarité autour du Président de la République et du Premier ministre pour la reconstruction de notre pays. - El Malick Ndiaye a été élu président de l’Assemblée nationale. Quel est votre avis sur ce choix et sur ce qu’il représente pour la dynamique parlementaire?
L’élection d’El Malick Ndiaye est encore le reflet du souffle nouveau qui traverse notre pays et ses différentes institutions dont l’Assemblée nationale. Je le félicite pour cette responsabilité et l’encourage à faire preuve d’ouverture et de rigueur. Il a l’opportunité d’incarner un leadership parlementaire moderne, basé sur l’écoute et le respect des opinions divergentes. Son rôle sera crucial pour restaurer la confiance entre les citoyens et le Parlement. - Barthélémy Dias a été radié de la liste des députés suite à sa condamnation dans l’affaire Ndiaga Diouf. Considérez-vous cette décision comme équitable ou excessive ?
Il convient juste de rappeler que cette radiation prononcée par l’Assemblée nationale intervient à la suite d’une demande de révocation du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, invoquant l’article 61 de la Constitution et l’article 51 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le Sénégal étant un pays de droit, la contestation d’une décision peut toujours s’opérer par les voies appropriées de la justice.
Le débat sur la loi d’amnistie suscite de vives discussions. Quelle est la position officielle du Grand Parti sur l’abrogation de cette loi ?
Le Grand Parti prône une condamnation sans faille des crimes et abus visés par la loi d’amnistie. Les faits qui se sont passés entre février 2021 et février 2024 sont suffisamment graves qu’ils méritent qu’on s’y penche pour rétablir la vérité et la justice. L’objectif doit être de garantir à la fois la justice et la vérité en situant les responsabilités individuelles et collectives sur ce massacre qui a coûté à la vie à plus de 80 de nos compatriotes, particulièrement des jeunes. - Plusieurs citoyens et organisations réclament l’arrestation de l’ancien Président Macky Sall pour des présumés crimes commis durant son mandat.
Êtes-vous favorable à une telle démarche ?
Je suis un républicain et je crois en la primauté de la justice et de l’État de droit. Face à l’histoire personne ne peut être au-dessus de la volonté du peuple et des lois qui régissent notre pays quand il est question de rétablir la vérité sur les circonstances macabres qui ont conduit à ces événements malheureux et qui forgent désormais le devenir de notre destin collectif. A cet égard, Macky Sall, ni personne d’autre, ne peut pas être absous par un quelconque statut, si les faits qui lui sont reprochés sont avérés pour la justice. - Quelle est votre position sur la reddition des
comptes tant réclamée par les Sénégalais ?
La reddition des comptes est une obligation morale et républicaine. Dans un pays pauvre comme le nôtre où tout est priorité, il est inadmissible et inacceptable de voir une caste d’hommes ou de femmes politiques s’enrichir sur le dos du peuple. Je trouve même criminels la prévarication des deniers publiques et l’enrichissement illicite. En dépit des nombreuses fonctions que j’ai eu à occuper : Conseiller spécial, Directeur de cabinet, Président de la Région de Dakar, Ministre des Sports, puis Ministre du Commerce et de l’Industrie, j’ai toujours refusé de bénéficier d’un seul mètre carré (m2) de terrain de l’état ou d’un quelconque privilège indu. Et quand j’ai voulu faire des affaires, j’ai quitté l’administration au nom de la morale et de l’éthique, mais surtout pour avoir les mains propres. Quand on aspire à être un homme d’état, il faut être irréprochable. Sans reddition des comptes, nos actions les plus nobles pour le Sénégal seront vouées à l’échec. Nous devons systématiquement combattre l’enrichissement illicite sans cause et faire recouvrir par tous les moyens les biens mal acquis de tous les régimes politiques qui se sont succédé depuis l’indépendance. - Concernant vos relations avec le Président de Pastef, Ousmane Sonko, elles semblent être marquées par une grande proximité. Quelle est la nature exacte de ces relations ? Va-t-elle au-delà de la politique ?
Le Président Ousmane Sonko est d’abord et avant tout mon jeune frère et cette relation fraternelle structure toutes les autres. Elles sont basées sur une vision commune pour le Sénégal. Nous partageons une ambition de rupture et de changement positif pour notre pays. Au-delà de la politique, c’est une relation de respect mutuel et de collaboration pour l’intérêt national. Elle date de longtemps. Souvenez-vous, j’ai organisé la première résistance de l’opposition pour le soutenir lors de sa radiation de la fonction publique en 2016 et j’ai toujours été à ses côtés pour partager tous les combats qu’il a menés au service de notre pays. Je peux donc valablement témoigner de sa loyauté et de son engagement patriotique pour le Sénégal. C’est pourquoi je le félicite encore vivement pour sa victoire et demeure fier de son compagnonnage avec le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Dans la même veine, je félicite très chaleureusement
notre Directeur de campagne, Fadilou Keita et son équipe pour la remarquable coordination de cette campagne victorieuse. - Que vous inspire la situation économique et sociale de notre pays ?
Avec un niveau de dette qui explose et les déficits de tous les agrégats du développement, la situation économique et sociale léguée par le régime de Macky Sall place notre pays dans une position délicate et très inconfortable face aux nécessités de la reprise. C’est pourquoi il faut encourager le
Gouvernement pour soutenir la stabilisation et engager les réformes à travers la stratégie de transformation avec l’agenda 2050. Pour ainsi dire à la suite du Premier Ousmane Sonko, le régime de Macky Sall et le Plan Sénégal Émergent (PSE) ont plongé le Sénégal dans un gouffre de récession économique sans précédent. Ainsi, il nous faudra
remettre le pays au travail pour emprunter le chemin du développement et du progrès. - Certains prédisent que vous pourriez occuper un
poste stratégique dans l’appareil d’État pour
contribuer à la vision du Président Diomaye. Est-
ce une option que vous seriez prêt à envisager ?
Mon engagement pour la victoire du peuple durant ces élections n’a absolument rien à voir avec une quelconque volonté de positionnement dans l’appareil d’État. C’est le reflet de convictions fortes que nous partageons au service exclusif du peuple sénégalais et pour la pérennisation des acquis démocratiques de notre pays et de son développement harmonieux. - Selon vous, quelles seraient les priorités du régime actuel par rapport aux préoccupations des Sénégalais ?
Les priorités ont été clairement identifiées dans l’Agenda 2050 à travers ses quatre axes primordiaux : la construction d’une économie compétitive ; la durabilité environnementale ; le développement du capital humain et la justice sociale et la refondation de la gouvernance. L’objectif à terme c’est le développement inclusif et durable par l’avènement d’un nouveau modèle de croissance économique qui serait au cœur de l’action pour un Sénégal juste,
prospère et souverain.
L’Observateur