“JUB JABAL JUBANTI : Le test foncier du nouveau régime”
La question foncière au Sénégal demeure l’une des problématiques les plus épineuses, cristallisant les tensions sociales et révélant les dérives d’un système gangréné par des pratiques douteuses. Des années Wade à l’ère Macky Sall, le pays a été secoué par de nombreux scandales fonciers dont les répercussions continuent de hanter la société sénégalaise.
Au cœur de ces malversations, on retrouve un schéma récurrent : des politiciens, en connivence avec des hauts fonctionnaires de l’État, s’appropriant illégalement des centaines d’hectares de terres, privant ainsi la majorité de la population d’un accès équitable au foncier. Plus préoccupant encore est l’implication d’agents issus de l’École Nationale d’Administration (ENA), une institution d’élite formant théoriquement les meilleurs serviteurs de l’État. Ces administrateurs, censés être exemplaires, se retrouvent souvent impliqués dans des affaires de corruption et de détournement.
Sous Macky Sall, plusieurs noms ont fait la une des journaux pour leur implication présumée dans des scandales fonciers. On peut citer Mamour Diallo qui a fui le pays depuis. Le cas le plus récent est celui de Mamadou Gueye, ex-directeur des Domaines, cité dans un scandale d’une ampleur inédite.
Mame Boye Diao, ancien directeur des Impôts et Domaines et ex-directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), est lui aussi au cœur de nombreuses affaires. Son nom est associé à plusieurs dossiers controversés, notamment la dilapidation de la bande des filaos de Guédiawaye et l’attribution suspecte d’un terrain de 5000 m² à un ministre.
La transition politique récente, marquée par l’arrivée au pouvoir du président Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, suscite des interrogations. Le rapprochement de Mame Boye Diao avec le nouveau régime, notamment ses rappels incessants de ses liens d’amitié avec le Premier ministre, soulève des inquiétudes quant à l’impartialité des futures enquêtes.
Dans un contexte où des figures de l’ancien régime comme Farba Ngom et l’homme d’affaires Tahirou Sarr font l’objet de poursuites pour acquisition illégale de terres, les Sénégalais attendent du nouveau gouvernement qu’il honore sa promesse de “JUB JABAL JUBANTI” (Être juste et réparer les torts). L’opinion publique reste vigilante, exigeant que justice soit rendue sans favoritisme ni arrangement entre amis.
La résolution de ces scandales fonciers représente un test crucial pour la crédibilité du nouveau régime et sa capacité à rompre avec les pratiques du passé. L’enjeu est de taille : restaurer la confiance des citoyens et assurer une gestion équitable du patrimoine foncier national.
TASS XIBAAR