| | |

Grossesse adultérine et avortement sous influence : les dérives d’un ménage à trois jugées à Dakar

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a été mercredi, le théâtre d’un drame intime à rebondissements. Sur le banc des prévenus, Awa Dieng, une femme mariée originaire de Ndiaganiao, poursuivie pour avortement, et son second amant, El Hadji Malick Kane, jugé pour complicité. L’affaire a captivé l’auditoire, tant par la gravité des faits que par la complexité des relations enchevêtrées entre les protagonistes. Awa, femme de ménage à Dakar, menait une vie marquée par une double infidélité. Enceinte de Serigne Moustapha Dieng, son premier amour avec qui elle entretenait une liaison de longue date, elle décide d’interrompre sa grossesse avec l’aide de son second amant, Malick Kane. Ce dernier l’aurait accompagnée pour acheter des pilules abortives à « Keur Serigne Bi ».

Selon les déclarations faites à la barre, tout bascule le 22 mars. Ce jour-là, Awa est retrouvée chez elle, affaiblie, un sachet de comprimés à la main. Sous l’influence de Malick, qui aurait minimisé les risques de l’intervention, elle décide de mettre fin à sa grossesse de cinq mois. Mais le drame prend une tournure physique violente. Victime de douleurs aiguës, elle perd le fœtus avant d’arriver à l’hôpital, où elle est rapidement prise en charge. Alerté par les sages-femmes, le personnel médical informe discrètement la police.

À l’audience, chacun tente de se dédouaner. Awa affirme avoir agi sous la pression de Malick. « Il m’a convaincue que je ne risquais rien. Je n’en voulais pas à cet enfant. ». De son côté, l’accusé nie toute responsabilité directe : « Elle a acheté les comprimés elle-même, avec l’argent donné par l’autre copain. Je l’ai seulement accompagnée. »

Le témoignage de Serigne Moustapha Dieng, père présumé de l’enfant, est venu alourdir le dossier, confirmant la paternité et la volonté d’assumer l’enfant à naître. Le procureur, convaincu que la jeune femme avait pleinement conscience de ses actes, a requis deux ans de prison ferme, dénonçant une tentative de dissimulation sociale d’une grossesse jugée inacceptable par sa famille au village. La défense, de son côté, a plaidé la clémence, dénonçant une situation émotionnellement et socialement complexe. Les avocats de Malick Kane ont accusé Awa de vouloir faire porter toute la responsabilité à leur client, devenu selon eux un simple « bouc émissaire ».

À l’issue des débats, le tribunal a tranché. Awa Dieng et El Hadji Malick Kane ont été tous deux, condamnés à huit mois de prison ferme.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *