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ENQUÊTE SUR LE DOSSIER DE L’EX-MINISTRE ISMAÏLA MADIOR FALL: Cheikh Guèye et Mohamed Anas El Bachir Wane déférés par la DIC

Alors que l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, s’apprête à comparaître devant la Haute Cour de justice, l’enquête judiciaire autour du scandale foncier du tribunal de Guédiawaye s’accélère. Deux figures clés du dossier, l’entrepreneur Cheikh Guèye, patron de la société TCS (Technologie Consulting Services), et Mohamed Anas El Bachir Wane, ex-directeur des Constructions au ministère de la Justice, ont été déférés jeudi dernier au parquet de Pikine-Guédiawaye par la Division des investigations criminelles (DIC). L’Observateur qui donne l’information rappprte que leur face-à-face avec le ministère public est prévu ce lundi matin, après un retour de parquet.

Au cœur de l’affaire : une parcelle de 9 598 m² à Guédiawaye, attribuée au ministère de la Justice pour la construction d’un complexe comprenant un palais de justice, un centre de casiers judiciaires, une structure médico-sociale et un centre de surveillance par bracelet électronique. Ce dernier projet, estimé à 576 millions de FCFA, ne disposait pas de financement public. C’est dans ce contexte qu’un partenariat public-privé est envisagé entre le ministère et TCS. L’entreprise devait financer la construction en échange de parcelles sur le site. Un protocole est signé sous l’égide de Mohamed Anas El Bachir Wane, mais il est annulé par le ministre sans qu’aucune infrastructure ne soit réalisée. Selon Cheikh Guèye, la rupture de l’accord serait liée à une demande de pot-de-vin : l’ex-ministre aurait exigé 250 millions de FCFA pour signer le protocole. Il affirme avoir déjà versé 50 millions en espèces dans le bureau d’Ismaïla Madior Fall, en présence de Mohamed Anas El Bachir Wane. Ce dernier a confirmé les faits devant les enquêteurs, précisant même que les 50 millions auraient été restitués après le refus de Guèye de verser le reliquat. Ismaïla Madior Fall, interrogé en amont sur ces accusations, s’était défendu sur le plateau de 7TV. Il reconnaissait avoir reçu une offre d’argent qu’il dit avoir refusée, en affirmant qu’il s’agissait d’un « geste gracieux » de la part de l’entrepreneur : « J’ai renvoyé l’argent », avait-il déclaré. Cheikh Guèye, de son côté, pointe également les lenteurs administratives : malgré le protocole signé, il n’aurait jamais obtenu le bail des terrains promis. L’instruction en cours autour de ce partenariat controversé pourrait peser lourd à quelques jours de la comparution d’Ismaïla Madior Fall devant la Haute Cour de justice. Avec des enjeux politiques, financiers et judiciaires mêlés, le dossier s’annonce comme l’un des plus sensibles de l’ère post-transition.

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