Alioune Tine sur l’affaire Moustapha Diakhaté: « La justice ne doit ni humilier ni fabriquer des héros politiques »
Invité de l’émission Le Jury du Dimanche sur iRadio, Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center, a vivement réagi au placement sous mandat de dépôt de l’ancien député Moustapha Diakhaté. Il dénonce une décision injustifiée, au regard du parcours et des services rendus par ce dernier à la nation. Pour lui, cette mesure reflète une politique pénale défaillante, qui privilégie l’humiliation à la justice.
« Ce ne sont pas les personnes qui posent problème, mais une logique répressive dépassée », estime le défenseur des droits humains. Il plaide pour une justice ferme mais respectueuse des droits fondamentaux, fidèle aux engagements internationaux du Sénégal. La détention, dit-il, ne devrait être qu’un ultime recours.
Alioune Tine alerte également sur les dangers d’une justice instrumentalisée à des fins politiques. Il appelle à une reddition des comptes équitable, dénuée d’esprit de revanche, et à un traitement digne des détenus, quelle que soit leur appartenance politique. À ses yeux, les incarcérations répétées de figures comme Ousmane Sonko ou Guy Marius Sagna ont contribué à en faire des « héros politiques », une erreur que le pays ne doit plus reproduire.
Le fondateur d’Afrikajom s’inquiète aussi du climat politique empoisonné par les discours haineux, venant aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Il appelle à une pédagogie citoyenne pour inculquer aux militants le respect de l’autre et des règles démocratiques.
S’agissant de la lutte contre la corruption, il prône une justice rigoureuse contre les délinquants à col blanc, tout en respectant la présomption d’innocence. Il déplore qu’aujourd’hui, certains responsables soient traités comme coupables avant même leur jugement, révélant selon lui un affaissement des repères moraux et institutionnels.
Enfin, Alioune Tine remet en cause la pertinence de la Haute Cour de justice, qu’il juge obsolète, politisée et inefficace. Reprenant les critiques formulées notamment par l’ancien procureur général Ousmane Kamara, il propose son remplacement par une juridiction ordinaire, plus impartiale, à l’image du modèle français.