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AFFAIRE DES DAT CASSÉS: Amadou Ba dans la tourmente d’un scandale à 141 milliards

Le couperet de la justice pourrait bientôt s’abattre sur un ancien pilier de l’appareil d’État. L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Ba, est cité au cœur d’un scandale financier sans précédent : 141 milliards de francs CFA issus de dépôts à terme (DAT) auraient été retirés prématurément et jamais reversés au Trésor public. D’après L’Observateur qui donne l’information dans son édition du jour, c’est un référé explosif que la Cour des comptes a adressé au ministre de la Justice, Ousmane Diagne qui lève le voile sur le scandale. En filigrane, une exigence : que toute la lumière soit faite sur ces placements bancaires discrets et sur leur utilisation finale, pour le moins suspecte. Le document, signé par le Premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, énumère faits, noms et responsabilités potentielles.

Des milliards placés, puis envolés

Les DAT, ces placements bancaires à durée déterminée, ont été utilisés comme des tiroirs-caisses. Près de tous ont été “cassés”, c’est-à-dire retirés avant échéance – et surtout hors du circuit légal des finances publiques. En ligne de mire : Amadou Ba, mais aussi Cheikh Tidiane Diop, ancien Directeur général du Trésor, et plusieurs ministres délégués au Budget.

Le journal du groupe Igfm rapporte que dans une lettre datée du 30 juin 2016, Amadou Ba autorisait un placement de 4,1 milliards FCFA à un taux d’intérêt de 3,5 %, sans en préciser l’objet. D’après la BRM, la somme a ensuite été utilisée pour rembourser un billet à ordre, sans réintégrer les caisses de l’État.Autre exemple : un DAT de 6,5 milliards FCFA, justifié par un protocole entre l’État, la Sonatel et la BRM, a lui aussi échappé à tout circuit comptable officiel. Le Trésor n’en a vu aucune trace. Et la Cour des comptes est catégorique : ces opérations ont été engagées sans habilitation légale.

Violation du droit comptable

Pourtant, le décret n°2011-1880 est limpide : seuls les comptables publics peuvent manier les deniers de l’État. En ordonnant des virements ou en autorisant des paiements depuis ces DAT, les ministres ont franchi la ligne rouge. L’État a été engagé hors budget, en violation flagrante de la loi. La comptabilité du Trésor exige que toute somme placée soit reconstituée à l’euro près. Autrement dit, casser un DAT sans reversement équivaut à faire disparaître de l’argent public.

L’heure des comptes

La riposte judiciaire s’organise. Une évaluation de la situation des banques publiques au 31 mars 2025 est en cours. Des commissions rogatoires seront lancées pour pister les fonds à l’international. Et les haut-fonctionnaires impliqués seront auditionnés. En cas de preuves accablantes, la Haute Cour de justice pourrait être saisie.

Macky Sall hors du champ ?

Faut-il engager la responsabilité de l’ex-président Macky Sall ? Pas si vite, disent les spécialistes. Ces décisions, bien que lourdes de conséquences, relèveraient exclusivement du domaine ministériel. Selon des sources proches du dossier, l’ouverture de DAT dans les banques commerciales n’exigeait pas l’aval du chef de l’État.Reste à savoir qui savait quoi, et depuis quand. Une chose est sûre : le vent de la reddition des comptes souffle, et il n’a pas fini de déranger.

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