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Sénégal : la dette cachée de 7 milliards de dollars met le FMI face à un dilemme

Un séisme budgétaire secoue le Sénégal. Dans un rapport publié le 12 février, la Cour des comptes a révélé l’existence d’une dette non déclarée équivalente à 25 % du PIB, soit environ 7 milliards de dollars. Cette révélation soulève de graves incertitudes financières et oblige le Fonds monétaire international (FMI) à examiner ses implications sur le programme en cours.

Une dette sous-estimée de 7 milliards de dollars

Interrogé sur la chaîne TFM, Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, a confirmé que cette dette avait été « sous-estimée de 7 milliards de dollars ».

Le FMI n’a pas encore pris de décision officielle. « Nous analysons actuellement le rapport avec les autorités, nous cherchons à comprendre ce qui s’est passé et à identifier des mesures correctrices pour éviter que cela ne se reproduise », a-t-il déclaré.

Les prochaines étapes dépendront des discussions en cours. « À notre retour, nous rédigerons un rapport pour notre direction, qui décidera des mesures à prendre », a précisé Edward Gemayel, tout en indiquant qu’une décision pourrait être prise dans les semaines à venir, sans donner de date précise.

Quel impact sur le programme du FMI ?

L’ampleur de cette dette cachée pourrait-elle remettre en cause le programme actuel du FMI avec le Sénégal, comme ce fut le cas pour d’autres pays ? Edward Gemayel rappelle la démarche de l’institution :

« Dès qu’il y a des informations non partagées avec nous, notre priorité est de comprendre ce qui s’est passé et d’en évaluer l’impact sur le programme. »

L’évaluation est toujours en cours. Une fois les implications clairement établies, le conseil d’administration du FMI tranchera : maintenir le programme actuel ou en négocier un nouveau.

Deux options sont envisagées :

  1. Accorder une dérogation aux autorités sénégalaises, en échange de réformes garantissant une meilleure transparence.
  2. Exiger le remboursement des fonds débloqués sur la base d’informations erronées.

« Le conseil d’administration peut demander au Sénégal de rembourser les décaissements effectués sur la base de données incorrectes », a averti Edward Gemayel.

Une crise qui fragilise le Sénégal

Cette révélation a déjà eu des conséquences immédiates : les agences Moody’s et Standard & Poor’s ont abaissé la note souveraine du Sénégal, ce qui risque d’alourdir le coût du financement du pays.

Edward Gemayel insiste sur l’urgence d’une stabilisation financière :

« La priorité est de stabiliser la dette d’ici fin 2024 pour éviter un risque élevé de surendettement. »

Le FMI, victime ou complice ?

Face aux critiques sur la responsabilité du FMI, Edward Gemayel rejette toute défaillance de l’institution :

« Nous travaillons sur la base de confiance et respectons la souveraineté des États. Nous dépendons des informations que les autorités nous transmettent. »

La question reste donc entière : cette crise budgétaire marque-t-elle une faille dans la surveillance du FMI ou une défaillance des autorités sénégalaises dans la transparence de leurs comptes publics ?

Le verdict du FMI, attendu dans les prochaines semaines, sera décisif pour l’avenir économique du Sénégal.


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