Ouakam: le maître coranique qui avait transformé ses talibés en objets sexuels, risque la perpétuité
Ouakam: le maître coranique qui avait transformé ses talibés en objets sexuels, risque la perpétuité
Le maître coranique qui s’était abominablement illustré en 2020, en transformant ses talibés âgés de 12 ans, en objets sexuels, a été jugé hier par la Chambre criminelle de Dakar. Mouhamed Habibou Guèye, qui a comparu pour charlatanisme, détournement de mineur, pedophilie, acte contre nature et viol, risque la prison à perpétuité.
L’acte ignoble, continue de choquer à Ouakam où toute personne dénuée de coeur se prend de compassion pour A. Konté, S. Bå et S. Ndao, trois jeunes garçons d’à peine 12 ans mais qui connaissent déjà les affres de la vie. Ils ont été transformés en objets sexuels, capables de satisfaire les désirs les plus vils de leur maltre coranique, Mouhamed Habibou Guèye. Chargé de les instruire, ce dernier profitait de ces moments pour abuser de ses jeunes talibés». Selon les accusations transcrits par L’Observateur, il les obligeait même à avoir des rapports sexuels entre eux. Après avoir satisfait sa libido, le maître coranique récupérait le sperme qu’il aurait utilisé à des fins mystiques. Devant la Chambre criminelle de Dakar hier matin, Habibou a adopté la stratégie de la dénégation comme ligne de défense.
Face aux charges lourdes de charlatanisme, détournement de mineur, pédophilie, viol et acte contre-nature, le marabout n’a cessé de crier au complot orchestré par les parents des victimes qui auraient une dent contre lui.
«Il m’a dit qu’il avait besoin de mon sperme…»
Habibou a savamment appâté ses proies en leur promettant des lendemains meilleurs grâce à ses dons mystiques. Mais pour ce faire, il leur fait croire qu’il aurait besoin de leur sperme.
S. Bå, jeune footballeur qui rêve de signer pro, va mordre le premier à l’hameçon vers les années 2008. “Un jour, il m’a demandé de le rejoindre dans sa chambre, de monter sur le lit. Il m’a déshabillé et a commencé à me caresser. Il a introduit son doigt dans mon derrière avant de me pénét… avec son sexe jusqu’à éjaculation. Après avoir éjaculé, il se nettoyait à l’aide d’un mouchoir pour récupérer le sperne. Il remettait le mouchoir dans un bocal rempli d’eau… J’avais 12 ans», souffle celui qui a maintenant 29 ans. Selon toujours ses accusations, le maître n’en était pas à son coup d’essai. Il dit avoir passé plusieurs nuits chez son marabout au cours desquelles les actes se seraient répétés. «Il me l’a fait à plusieurs reprises. Parfois c’est moi qui le pénét. Après chaque séance, il me remettait de l’argent. Il m’avait acheté un téléphone portable et des chaussures”, l’enfant qui est devenu un homme.
A son tour, S. Ndao a témoigné avoir subi le même supplice que son camarade «talibé». «Il m’a fait savoir qu’il avait besoin de mon sperme. Au début il me faisait des attouchements, me demandait de lui faire une sucette et faisait de même avec moi. On finissait par avoir des relations sexuelles. Un jour, c’est lui qui me pénét… les jours d’après, c’est moi…», charge le plaignant.
Plus chanceux que ses amis, A. Konté raconte qu’il n’a subi que des attouchements. «Il ne m’a jamais péné… Il se limitait juste aux caresses et frottait parfois son sexe entre mes testicules jusqu’à éjaculation», confie A. Konté. Selon toujours les accusations, le marabout obligeait les garçons à entretenir des relations sexuelles entre eux en sa présence. Ces faits se sont déroulés à Ouakam.
«J’ai porté plainte après qu’il m’a traité de goordjiguène»
Leur calvaire a duré 12 ans. De 2008 à 2020, année de son arrestation, Habibou continuait d’abuser de ces jeunes garçons sous les yeux de leurs parents qui pourtant avaient foi en lui. Mais leur silence a pris fin le jour où l’une des victimes, M. Diagne, a décidé de porter plainte contre le maitre coranique. «Il m’avait traité de goordjiguene. Une insulte qui m’est resté en travers de la gorge. Si aujourd’hui, je suis efféminé, c’est à cause de lui. Il m’obligeait à avoir des relations sexuelles avec lui. Donc pour le mettre hors d’état de nuire, j’ai décidé de porter plainte pour viol. C’est ainsi que l’affaire a éclaté», a déclaré à l’enquête M. Diagne qui, hier, a brillé par son absence.
Attrait devant la Chambre criminelle de Dakar, M. Habibou Gueye conteste toutes les charges. Selon ses déclarations, histoire est montée de toutes pièces par les parents de ses accusateurs. «Ils ne sont jamais entrés dans ma chambre. On n’est jamais resté seuls. Ce sont de fautes accusations. Je commençais à déranger dans le quartier. Mon mouvement religieux commençait à prendre de l’ampleur Les enfants me suivaient partout. C’est ce qui dérangeait leurs parents qui m’accusent de les avoir détournés de leur tarikha Pour me chasser du quartier, ils ont inventé cette histoire», se défend l’accusé. Concernant les sommes d’argent et les cadeaux qu’il remettait aux plaignants, l’accusé dit l’avoir fait par altruisme. Une ligne de défense peu convaincante aux yeux du procureur de la République. Jugeant les faits d’une extrême gravité, le parquet requiert la perpétuité contre le maître coranique. Pour sa part, la défense plaide l’acquittement pur et simple. Pour les robes noires, dans cette affaire, il n’y a aucune preuve matérielle qui prouve la culpabilité de leur client. L’affaire est mise en délibéré. Elle sera vidée le 13 mai prochain.