Littoral de Dakar : deux familles libanaises perdent un site de plus d’un milliard FCFA après l’annulation des baux par l’État
L’annulation des baux annoncée par le Premier ministre Ousmane Sonko, à la suite de l’audit foncier commandité par l’État, a entraîné d’importantes pertes pour plusieurs bénéficiaires, notamment des hommes d’affaires libanais. Parmi eux, deux héritières de riches familles libanaises, L.K et M.H, viennent de perdre un terrain situé derrière la Clinique du Cap, à Dakar, dont la valeur est estimée à plus d’un milliard FCFA.
L’Observateur qui donne l’information dans son édition du samedi, rappelle que le site fait partie des nombreuses parcelles concernées par la décision du gouvernement d’annuler plusieurs baux jugés illégaux, en raison d’irrégularités dans leur attribution. Cette mesure, qui vise à restaurer la légalité dans l’occupation du domaine public, suscite déjà des contestations, et plusieurs collectifs se forment pour dénoncer la manière dont ces baux avaient été accordés.
Un retour aux principes de protection du littoral
Historiquement, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, toute construction sur le Domaine public maritime (DPM) était interdite afin de garantir un accès libre à la mer pour la population. Cependant, au fil des décennies, et avec les changements de gouvernements, le littoral dakarois a progressivement été privatisé par des promoteurs immobiliers, des hommes d’affaires et des figures politiques, limitant ainsi l’accès des citoyens aux plages et aux espaces publics.
L’arrivée au pouvoir du parti Pastef, en mars 2024, a marqué un tournant dans la politique foncière du pays. Dès les premiers jours de sa gouvernance, un vaste audit du foncier a été lancé pour identifier les attributions irrégulières et suspendre les constructions suspectes. Le 12 mars 2025, lors du Conseil des ministres, il a été décidé d’annuler plusieurs baux, notamment sur le littoral et dans d’autres zones stratégiques.
Les recommandations de l’audit foncier
Selon le communiqué officiel du Conseil des ministres, l’audit a permis d’identifier plusieurs anomalies dans l’attribution des terres, notamment dans les régions de Dakar, Thiès et Saint-Louis. Parmi les principales recommandations figurent :
L’annulation des attributions irrégulières sur certains lotissements, Plans d’Urbanisme de Détail (PUD) et morcellements ne respectant pas la réglementation en vigueur.
La suspension des nouvelles demandes de bail sur certains sites en attendant l’élaboration d’un plan d’aménagement global et concerté.
Un contrôle renforcé des attributions foncières pour éviter les acquisitions multiples par une même personne ou entité.
Depuis plusieurs années, la population dakaroise dénonce la privatisation abusive du littoral, qui empêche l’accès aux espaces publics. Cette décision du gouvernement marque ainsi une volonté de restaurer une gestion transparente et équitable du foncier, tout en garantissant que les ressources publiques bénéficient en priorité aux citoyens.