ESCROQUERIE EN LIGNE : UNE FAUSSE HISTOIRE DE VIOL QUI DÉTOURNE DES MILLIONS
La très suivie page Facebook “Ma sage-femme, mon bien-être” a servi, à son insu, de tribune à une vaste escroquerie, révélée par la Cybersécurité. Une supercherie bien ficelée qui a abusé de la générosité de nombreuses femmes prêtes à aider une prétendue adolescente violée et en détresse.
Une manipulation habilement orchestrée
L’Observateur dans son édition du week-end, campe une histoire poignante et révoltante, mettant en scène une jeune fille victime de viol, contrainte de survivre avec son bébé dans une maison en chantier, dans un village reculé de la région de Fatick. Le journal narre le récit, appuyé par des scènes pathétiques et un appel aux dons, qui a ému de nombreuses personnes qui n’ont pas hésité à contribuer financièrement. Derrière cette mascarade, ébruite le quotidien de Igfm, se cachait une femme à l’imagination fertile, R. Seye, ancienne bénéficiaire de la solidarité de B. Seck, administratrice de la page “Ma sage-femme, mon bien-être”.
Une administratrice abusée par une ancienne protégée
B. Seck, sage-femme engagée, avait déjà aidé plusieurs cas sociaux via sa page. Parmi eux, R. Seye, qui, se sentant redevable, avait gardé contact avec elle. Cette proximité lui a permis de mettre en place un plan machiavélique : exploiter la générosité des abonnés de la page en inventant une fausse histoire de détresse.
Une mise en scène pathétique avec de faux documents
Pour donner du crédit à son arnaque, R. Seye a fabriqué un dossier médical complet avec analyses, ordonnances, et faux cachets. Elle a même créé un faux profil Facebook au nom d’une prétendue sage-femme, Aïssatou Dione, qui n’existe pas. Par ce biais, elle a réussi à convaincre B. Seck de publier l’histoire sur sa page, lançant ainsi un appel aux dons sur un numéro de téléphone qui lui appartenait.L’annonce du décès pour dissiper les soupçons. Après avoir encaissé plusieurs millions de francs CFA, R. Seye a poussé l’arnaque encore plus loin. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, elle annonce le suicide de l’adolescente. Des vidéos de funérailles sont publiées pour rendre l’histoire encore plus crédible et éteindre les doutes. Cependant, certains sceptiques commencent à remettre en question la véracité des faits.
Une enquête qui révèle la supercherie
Face aux suspicions grandissantes, B. Seck saisit les autorités. L’enquête menée par la Cybersécurité révèle rapidement l’imposture : aucune sage-femme du nom d’Aïssatou Dione n’exerce à Mbellacadiao, et les numéros de téléphone liés aux transactions appartiennent à R. Seye, résidant à Dakar. Les limiers la piègent, découvrent les faux documents et les montages, et procèdent à son arrestation.
Placée en garde à vue, R. Seye avoue son stratagème et reconnaît avoir utilisé les fonds à des fins personnelles. Elle a été déférée devant le parquet du tribunal de grande instance de Dakar, où elle devra répondre de ses actes.