Progression de 100% de la masse salariale: la solution surprenante du Pr Magaye Gaye, en porte à faux du gouvernement
Entre 2019 et 2024, soit cinq ans, la masse salariale du secteur public a explosé littéralement au Sénégal, passant de 700 milliards de FCFA à 1 300 milliards, soit une hausse vertigineuse de près de 100 %. Une progression qui interpelle l’économiste Magaye Gaye, selon qui, les dépenses de personnel ont atteint 1 297 milliards en 2022, puis 1 442 milliards en 2023, tandis que les recettes fiscales s’élevaient à 3 052 milliards et 3 486 milliards sur les mêmes années. Résultat : les salaires ont absorbé 42,5 % des recettes en 2022, puis 41,4 % en 2023. Un poids colossal qui pousse les autorités à envisager des mesures drastiques, comme la réduction des salaires des hauts fonctionnaires.
Une solution que rejette Magaye Gaye, qui se poss en porte à faux ” Réduire les salaires, comme le privilégie actuellement le gouvernement, risque de démotiver les agents publics et de nuire à l’efficacité de l’administration “, met-il en garde. L’économiste souligne un autre écueil : limiter cette baisse aux ministres et directeurs généraux ne dégagerait qu’une marge budgétaire dérisoire face aux besoins. Pire, si elle touchait les cadres, elle pourrait provoquer une fuite des talents. ” Des salaires amputés pousseraient les compétences à chercher ailleurs, affaiblissant la qualité des services publics “, prévient-il
A la question de savoir si le Sénégal est condamné à voir son budget étouffé par la masse salariale, sans moyens pour financer son économie ou ses infrastructures, Magaye Gaye a un autre alternative et la propose : réduire non pas les salaires, mais la masse salariale elle-même. Comment ? Par ” un bilan de compétences étendu à l’administration centrale, aux entreprises publiques et parapubliques ”
Cette démarche, basée sur des critères objectifs de performance et de compétence, permettrait de cibler les redondances et les postes sous-utilisés. Elle garantirait des économies durables en optimisant l’allocation des ressources humaines, sans sacrifier la motivation ni les talents. Une piste qui, selon lui, mérite d’être explorée pour redonner de l’air aux finances publiques.